L'HEURE DES ASSASSINS - BÜHNEN BERN
L’Heure des Assassins
Julien Lefebvre
Dans le salon privé en haut d’un grand théâtre londonien, un petit groupe de privilégiés est réuni avant la Première de Peter Pan. Parmi eux, quelques figures du Tout-Londres: Arthur Conan Doyle, George Bernard Shaw, Bram Stoker, une cantatrice, le propriétaire du Théâtre et certains membres de son entourage. Petits fours et champagne… Mais quand retentit la sonnerie annonçant le début du spectacle, on découvre le corps sans vie du propriétaire du Théâtre. Impossible de donner l’alerte: le personnel ferme toujours le salon privé juste avant la représentation. Alors il va falloir découvrir ce qui s’est passé, comment, pourquoi et par qui … jusqu’à ce que Big Ben sonne l’Heure!
L’art du polar
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, après Le Cercle de Whithechapel, qui enquêtait sur l’identité de Jack l’éventreur, et Les Voyageurs du crime qui se déroulait dans l’Orient Express, Julien Lefebvre conclut (en principe!) sa trilogie policière autour de trois figures légendaires de la littérature anglaise.
Estimant que la phrase du cinéaste Julien Duvivier – «Il faut trois choses pour faire un bon film: d’abord une bonne histoire, puis une bonne histoire, et enfin une bonne histoire» – est aussi valable pour le théâtre que pour le cinéma, Julien Lefebvre a construit une intrigue bien ficelée, pleine de méandres, de fausses pistes et de rebondissements. Il explore les vérités cachées, dévoile peu à peu les manoeuvres des uns et des autres, donnant autant de fil à retordre au spectateur qu’au trio d’enquêteurs. Comme dans un jeu de Cluedo, il nous promène d’hypothèses en hypothèses. Outre son habileté à dépeindre une société et à brouiller les pistes, Julien Lefebvre s’amuse à mêler l’Histoire et la fiction, à jouer avec les références et à manier l’humour dans une ambiance very british indeed!... un cumul d’ingrédients pour une recette policière raffinée.
Petit rappel…
…pour apprécier encore davantage certaines allusions au contexte et aux personnages historiques.
Bram Stoker (1847-1912), le directeur du Théâtre, est irlandais d’origine. Bien que diplômé en sciences et mathématiques, il s’est davantage passionné pour la culture et le théâtre. Il a publié récits et romans dès l’âge de 25 ans et a été administrateur du Lyceum Theatre de Londres. S’intéressant aux sciences parallèles et aux légendes d’orient et d’Europe de l’Est, il a mené des recherches sur une figure mythique du XVe siècle, le prince de Valachie Vlad Tepes, qui lui a inspiré le personnage du comte Dracula. Son oeuvre est prolifique, mais c’est son roman Dracula qui le rendra célèbre.
George Bernard Shaw (1856-1950) est un auteur dramatique et critique d’art qui s’est intéressé très tôt à l’économie politique et au socialisme. Prix Nobel de littérature en 1925, il a écrit une trentaine de pièces (dont le célèbre Pygmalion, adapté au cinéma sous le titre de My Fair Lady), de nombreux scénarios et des écrits sur la politique et la musique. Il est célèbre pour son style mordant, son humour, son irréductible pacifisme, sa défense du droit des femmes et son esprit critique sans concessions.
Arthur Conan Doyle (1859-1930), médecin de profession, a écrit une vingtaine de romans et plus de 150 nouvelles et autres récits, mais c’est la création de son personnage de Sherlock Holmes qui lui a valu une célébrité mondiale. Le succès des aventures de ce détective ingénieux aux méthodes d’investigation très personnelles a été tel que Conan Doyle s’en est lassé et l’a fait mourir en 1891, mais sous la pression des lecteurs, il l’a ressuscité en 1903! Parallèlement à sa prédilection pour l’observation et l’analyse, Conan Doyle a manifesté un intérêt affirmé pour le spiritualisme.